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Il était une fois, culture et pouvoir d’agir : le festival Hip Hop & Co

Hip hop and co 2014 2Continuons notre exploration des relations entre la culture et le pouvoir d’agir. Après avoir découvert les projets de Ruffec et de Niort, partons maintenant à la Maison des 3 Quartiers de Poitiers, où le Hip-Hop est à l’honneur. Christelle Bertoni, salariée à la M3Q, nous présente le festival Hip-Hop & Co.
Hip-Hop & Pouvoir d’Agir
Le Hip-Hop naît dans les années 70 en Amérique, porté par la jeunesse des quartiers défavorisés. En France, ce mouvement émerge dans les années 80. Il s’agit d’un mouvement culturel global qui rassemble 4 disciplines : le rap, le DJing, le graff et la danse.
La Genèse
La M3Q est en centre-ville de Poitiers, en bas du plateau. Plusieurs services : crèche, ALSH, secteur jeunesse, actions familles, salle de spectacle. Sur ce dernier point, il est important de rappeler l’histoire de Poitiers sur la politique culturelle. La ville de Poitiers a vivement souhaité que les équipements de quartier puissent être des lieux de diffusion de spectacle.
 
hip hop and co
En 1996, un animateur du secteur jeunesse rencontre un jeune qui souhaitait mettre en place des ateliers de hip hop. Et cette proposition fédère beaucoup d’autres jeunes. De cette initiative est né le premier festival, en 1997.  De nombreux bénévoles portent cette action. Pendant 10 ans, une commission qui rassemblait jeunes, professionnels et des partenaires se réunissait régulièrement pour mettre en place la programmation.
Le contenu du festival
Généralement, on y retrouve :

3 spectacles de danse
des Concerts
des rencontres amateurs / professionnels
des Films
des sessions de graffs
un volet transmission important avec des ateliers mis en place avec des Maisons de quartier ou d’autres centres socioculturels de la Vienne.

Hip hop and co 2014 3
2009 : une crise
Les années 2009 et 2010 marquent un tournant. Le festival qui manque de clarté pour les institutions.
La DRAC ne finance plus le festival et le Conseil d’Administration de la M3Q décide d’annuler l’évènement.
Se met en place alors un mouvement de résistance, notamment porté par les jeunes qui étaient à l’initiative de l’évènement : pour eux, il était nécessaire de maintenir cette fête ! Et aussi pour les artistes émergents qui trouvent dans cet évènement un lieu de diffusion de leurs créations et montrent une autre image de la culture hip hop, face à celle des médias trop souvent réductrice.
Ainsi, en 2010, on repart avec le développement des ateliers et ligne artistique clairement tournée vers une programmation danse.
Le service culture de la ville de Poitiers s’engage financièrement à ce moment-là pour maintenir le festival.
Aujourd’hui, où en est-on ?
La ligne artistique est plus claire… Et ce festival commence à avoir une portée nationale.
Partenariat avec le Théâtre Auditorium de Poitiers qui permet des tarifs intéressants pour les familles.
Le budget global est de 42 000 euros sans le temps salarié. Les financeurs sont la Ville, le Conseil Régional et le Conseil Général.
Quelle place des habitants aujourd’hui ?
Le revers de la médaille, c’est que depuis l’annulation du festival, il n’y a plus de commission organisatrice du festival. Il s’est largement « professionnalisé ». Aujourd’hui, le festival est surtout porté par les animateurs des secteurs jeunesse et des ALSH, très impliqués dans l’organisation générale du festival.
Où trouver le pouvoir d’agir aujourd’hui ?
Autour des cultures dites urbaines, les organisateurs du festival ont identifié un problème : Comment faire en sorte que ce mouvement culturel puisse rassembler plus largement des personnes issues de divers horizons ? On se rend compte qu’il faut organiser des manifestations plus « rassemblantes ».
Ainsi, intégré au festival, s’est mis en place un événement qui se prénomme Ose : Il s’agit d’une confrontation de plusieurs danseurs issus de divers domaines artistiques. Pour les organisateurs, le pouvoir d’agir des habitants peut se trouver à cet endroit. Un cadre totalement porté par les jeunes dans lequel d’autres personnes peuvent s’exprimer librement. La  formule fonctionne plutôt bien.
Et où en est le Hip-Hop aujourd’hui ?
Nous nous sommes également interrogés sur la place du hip-hop aujourd’hui. En Poitou-Charentes, nous émettons l’hypothèse qu’il n’y a pas assez de colère dans nos quartiers… C’est pourquoi le hip-hop n’est pas très développé sur nos territoires si on compare avec les banlieues des grands ensembles urbains. Par ailleurs, on peut noter qu’il y a peu d’intervenants pédagogues pour des ateliers. Cela est partagé par d’autres Centres Sociaux.
Enfin, le hip-hop, notamment la danse, s’est très largement institutionnalisée avec par exemple Kader Attou à la tête du centre chorégraphique de La Rochelle. Même s’il reste encore l’esprit spontanée du free style… le hip-hop semble n’être plus aussi incisif qu’il ne l’a été à l’origine.

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