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Rendez-vous au kebab

Le 10 juin dernier, à Poitiers, le temps était… maussade. Alors quand on nous a proposé d’aller rencontrer André Carrère à Châtellerault, on a sauté sur l’occasion. Peut-être qu’au nord, le soleil brillait encore. Et bien sâchez qu’à Châtellerault… c’était pire. Le mercredi, c’est le jour du marché. Pourtant, la place qui longe le centre socioculturel de la plaine d’ozon était désertée par les habitants. André nous avait donné rendez-vous à midi pile, au kebak, près de la poste. C’est au pas de course que nous l’avons rejoints au restaurant. Il était déjà là. Avec lui, le sandwich n’avait pas tout à fait le même goût que d’habitude. Faisons connaissance.
André Carrère est de ces hommes pour qui vivre sans militer, ce n’est pas vraiment vivre. « Lorsque j’ai commencé à travailler, j’ai été syndicaliste. J’ai lutté pour l’émancipation de la classe ouvrière en France.  En Côte d’Ivoire, j’ai eu l’occasion de former les artisans pour les chambres des métiers de France. Je me suis engagée dans les associations sur le tard, dans les années 80. » André constate à l’époque, que la pauvreté n’est pas toujours économique. Lorsque l’on vieilli, l’environnement affectif s’éloigne. Dans ses premières aventures associatives, il organise des voyages pour les personnes isolées ou avec de petits moyens. « Pour les unes et les autres, l’important, c’était le lien social. »
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André déjeune à Ozon. Il arrive dans le quartier aux début des années 90. Mais en fait, le centre socioculturel où il s’engage se trouve aux Minimes. Kahlid Essbaï y travaille déjà. Des liens se tissent rapidement entre les deux hommes. André a alors envie de contribuer aux projets du secteur jeune. Son surnom? Le curé ou l’abbé Pierre. Et preuve en est! Les jeunes le saluent en passant près de notre table. Nous déjeunons avec un personnage du quartier. « Ce qui me plais c’est de pouvoir être avec les jeunes. Le lien entre les générations. Je vais souvent au Café Cité du centre socioculturel des Minimes. En se côtoyant, on se connait mieux et on peut se comprendre. » Les jeunes ont des valeurs différentes des plus âgés. Il faut les écouter, les déchiffrer. C’est un contrat social, pour mieux vivre ensemble. »
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Notre entretien se prolonge. André a une vie longue et bien remplie. Sa raison de vivre, c’est d’être avec les autres, c’est de voir des gens et de pouvoir discuter, refaire le monde. « Je suis en maison de retraite et je ne m’imagine pas y passer mes journées. J’ai besoin d’avoir un environnement affectif, amical. »
 
Les photos ont été prises par Antonio Tavares.
 

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