L’année dernière, en sortant de l’école, Morighan aperçoit un homme assis par terre avec son chien, qui « demande de l’argent aux passants ». Elle en parle autour d’elle. Les enfants du centre de loisirs des Minimes ne restent pas insensibles à son interpellation. Accompagnés par l’animateur du centre socioculturel des Minimes, ils se lancent dans la création d’une ATEC.
Hier, mercredi, nous sommes allés rencontrer les 10 enfants qui ont participé à l’aventure. Ils ont 9 et 10 ans. Et quand vous leur demandez de vous expliquer ce qu’est une ATEC, ils le font avec un aplomb et une maturité remarquable. C’est Iliés qui prend la parole le premier. « Une ATEC, c’est une association temporaire d’enfants citoyens. Nous avons créé la notre dans le but récolter de l’argent et des denrées alimentaires pour les gens qui en ont le plus besoin. Nous avons choisi d’appeler la notre la Calèche du cœur. »
Ils organisent un festival « pour tout le monde ». Le programme est dense : des spectacles de slam, du cinéma, des structures gonflables et des promenades en calèche. Le prix d’entrée? Des aliments. « Nous avons récolté 800 kg de nourriture, explique Mohamed Boutayeb, leur animateur ».
Ce qui a fait le plus plaisir, aux citoyens en herbe, c’est d’aider les autres. « C’est aussi le fait d’avoir organisé ce festival avec des adultes, des élus qui nous écoutaient quand nous parlions. » Ils se sentent plus grands aujourd’hui. C’est un projet d’envergure qu’ils ont mené là. Il a demandé de nombreux rendez-vous, des réunions, de l’énergie.
» Au départ, j’ai rencontré les partenaires seul pour les préparer à l’idée que c’était des enfants qui organisaient tout. Que c’était eux les chefs. explique Mohamed. Plus on avançait plus je me suis effacé. A l’inverse du rôle des enfants qui grandissait. Cette aventure m’a beaucoup fait grandir en tant qu’animateur. J’ai compris que le rôle d’un animateur socio -culturel était de réussir à leur donner envie de intéresser à la vie de leur ville et à modifier les injustices ». poursuit-il.
Les citoyens sont prêts à recommencer. Pour la rentrée 2015, ils voudraient créer une nouvelle association temporaire. En attendant, ils nous ont offert un slam qu’ils ont écrit pour le festival.