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Centres Sociaux : maintenir l’accès aux biens de première nécessité

Epiceries et friperies solidaires se multiplient depuis quelques années dans la Vienne. Preuve de leur impérieuse nécessité, surtout en ces temps d’inflation. Aujourd’hui ces structures sont confrontées à de nouveaux défis. Mais leur rôle de créateurs de lien social reste inaltérable, en ville comme à la campagne.

243. C’est le nombre de personnes inscrites cette semaine de février 2024 pour venir retirer leurs colis alimentaires à l’épicerie solidaire de l’Eveil. En deux jours, tout va disparaître ou presque. « On attribue des créneaux de rendez-vous les jeudis et vendredis de 9h à 12h et de 14h à 16h30 en tenant compte des contraintes professionnelles ou médicales des bénéficiaires », détaille Pierre Galenne, responsable des lieux depuis deux ans. Environ huit tonnes de marchandises fraiches et surgelées, légumes, viandes et conserves sont actuellement distribuées chaque mois. Et c’est loin d’être suffisant. « Les besoins sont plus importants aujourd’hui. Mais la Banque alimentaire, qui est notre premier fournisseur, subit une baisse des dons. On a quelques partenariats mais il faut de grandes quantités pour que tout le monde puisse en profiter, c’est une question d’équité. En ce moment, on manque même de féculents. »

Des besoins plus importants

Le Panier sympa, c’est son nom, est la plus ancienne et aussi la plus fréquentée des structures de ce genre dans la Vienne. Près de 400 familles adhèrent à l’année, soit environ 1 200 personnes. Si ce chiffre n’a augmenté que très légèrement en 2023, plus de la moitié se déplacent désormais systématiquement chaque semaine. Cette épicerie rayonne sur pas moins de quatre quartiers : Couronneries, Saint-Eloi, Beaulieu, Montbernage. Dix-huit bénévoles motivés, parfois également bénéficiaires, font tourner la maison, de la distribution à la logistique en passant par le nettoyage et le transport.

Ce modèle est bien connu dans la Vienne qui compte une dizaine d’épiceries semblables portées par des centres sociaux comme celle de Cap Sud, mise en lumière récemment par l’émission Infrarouge sur France 2. Ou par des associations indépendantes comme l’Eveil. Ici, la structure est associée à un restaurant et même à un potager. Aux Trois-Cités, de son côté, Pourquoi pas la ruche a créé une friperie solidaire. Le principe est le même : du prêt à porter de qualité à tout petit prix. « Les tarifs sont dégressifs en fonction du barème de revenus, explique Nathalie Raymond, responsable de la boutique Couleurs Miel. La plupart des vêtements sont d’occasion. Mais grâce à notre partenaire Tisséna, nous récupérons de plus en plus d’invendus de grandes marques. » La boutique accepte les dons en direct et revend aussi les créations de l’atelier couture. Elle fonctionne volontairement sans bénévole. Les salariés sont en contrat d’insertion. « On transmet un savoir-faire mais surtout un savoir-être qui passe par le respect des consignes et des horaires, l’implication, la posture. » De quoi se mettre le pied à l’étrier et s’engager dans un véritable projet professionnel.

 

Discuter et voir du monde

Acheter n’est pas la seule motivation des bénéficiaires des épiceries et des vestiaires solidaires. « Pour certains, c’est l’occasion de sortir et de voir du monde », note Pierre Galenne, qui vient justement de réaménager le coin salon du Panier Sympa avec deux canapés confortables. « Encore la semaine dernière, une cliente hospitalisée est venue me donner de ses nouvelles, poursuit Nathalie Raymond. C’est un vrai lieu de vie, j’ai toujours des clients qui poussent la porte pour discuter et qui en profitent pour acheter un petit truc. »

Le seul bémol cité par Nathalie est lié au local. D’abord parce qu’il est trop petit pour stocker de la marchandise. Ensuite parce que, situé au cœur du centre commercial du Clos Gautier, il subit les points de deal tout proches qui font fuir les clients. A mille lieux de ces préoccupations, une autre épicerie ouvrira en avril prochain à Mirebeau dans un bâtiment de 285m2 entièrement rénové qui disposera également, entre autres, d’une cuisine pédagogique. « C’est devenu une nécessité dans le nord du Haut-Poitou en complément des structures de Neuville et Latillé vu le fort niveau de revenus modestes et de familles monoparentales », souligne Sarah Belleville, référente familles du CSC La Pousse. Dans un premier temps, l’idée consiste à ouvrir un vendredi après-midi sur deux, de 14h à 17h, et d’accueillir jusqu’à 80 familles.

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