Le réseau des centres sociaux compte deux restaurants d’insertion, lieux privilégiés ou le projet social passe par la nourriture…
Une douce odeur commence à se diffuser à l’Assiet’Sympa, le potage mijote et les salariés finissent la mise en place de la salle. Il faut que tout soit prêt à midi pour accueillir les clients, nombreux. Entre 50 et 70 repas sont servis chaque jour. Ici, beaucoup d’habitués qui s’assoient à la même place quotidiennement !
Peu de différence avec un restaurant «classique» et pourtant, nous sommes dans un restaurant d’insertion. Les 7 salariés suivent un parcours de 6 mois à 2 ans pour favoriser leur retour à l’emploi. Ici, encadré par Vivien Delage, ils apprennent les gestes du métier. Cuisine, service, accueil, plonge : au terme de leur contrat, ils maîtriseront tous les postes de leur emploi d’ « agent polyvalent de restauration ».
Les clients, eux, viennent du quartier, celui des Couronneries à Poitiers, attirés par le tarif adapté aux revenus et par l’ambiance chaleureuse qui règne dans les lieux. Gérard, lui, arrive d’un autre quartier. Il prend le bus pour venir déjeuner chaque midi, du lundi au vendredi, à l’Eveil. « La cuisine y est bonne. On a droit à une soupe, une entrée, un plat, un dessert et le café. Les serveurs sont gentils, on est bien accueilli… » dit-il.
Autour de Francette et de Gisèle, ça bavarde gaiement. Une bonne tablée d’habitués. « Nous venons là souvent. Ca permet de sortir de chez soi, de se retrouver, de discuter. Et le mardi, on peut même rester après le repas pour jouer à la belote, prendre un petit thé. C’est super ! »
Le restaurant accueille aussi souvent des élus, des membres d’association…Vivien Delage, l’encadrant technique, adjoint de cuisine depuis juin 2012 et « chef » depuis avril 2014, milite pour la mixité sociale. « Il faut faire passer le message que n’importe qui peut venir manger chez nous. Nous ne sommes pas les restos du cœur ! Nous sommes un vrai restaurant, ou des gens apprennent un travail, mais où les exigences sont les mêmes qu’ailleurs. Le goût, le plaisir, l’hygiène…»
Depuis son arrivée, Vivien se félicite de jouer la variété : le menu change chaque jour. Les légumes sont produits dans les jardins d’insertion de l’association, sans intrants chimiques.
Clémence, d’origine guyanaise, est salariée depuis deux mois : « Je suis vraiment contente de travailler ici. Les horaires sont compatibles avec la garde de ma fille, l’ambiance est bonne et j’apprends un métier. »
Kévin, en poste depuis huit mois, commence à planifier son avenir : « Je rêverai d’avoir mon propre restaurant. »
Pierre, arrivé récemment, a déjà les gestes du service, il manie son plateau rempli de cafés avec dextérité. Un petit mot pour chacun et un sourire en prime.
Olivier Delchambre, directeur de l’Eveil (qui vient de partir vers d’autres horizons, remplacé par Francine Cailleau) tempère : « Au début, les salariés sont très motivés. Mais au fil des mois, chez certains, la motivation s’émousse. Ce n’est pas évident de garder le rythme de travail et d’accepter ses contraintes. Notre travail est de les accompagner, de leur proposer des formations, pour leur donner la possibilité de rejoindre un emploi en CDD ou en CDI. »
L’insertion a cette ambition là. Et, quand certains ex-salariés reviennent par la suite donner des nouvelles et remercier l’Eveil, le personnel encadrant savoure le plaisir du travail accompli.
Exemple de menu du jour :
potage de poireaux
brick au fromage de chèvre et pommes
boudin blanc et poêlée hivernale
cake à la banane ou fromage blanc ou fruits
café ou thé
Restaurant de l’Eveil – 10, rue du Fief des Hausses – Poitiers – 05 49 45 14 53
Horaires : du lundi au vendredi 12h-13h30 (le mardi et le jeudi ouverture jusqu’à 17 heures pour des après-midi jeux ouverts à tous)
Tarifs selon revenus : enfants 2,50€ – 3,60€ – 6€ – 9€
Certaines personnes interrogées ont demandé à ce que leurs prénoms soient modifiés.
Claire Marquis, La Chambre (de) Claire