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Laicité et alimenttaion

La restauration scolaire : une porte d’entrée pour parler laïcité
Mercredi 25 novembre dernier se tenait à la Maison pour Tous (MPT) de Châtellerault une conférence intitulée « La laïcité et la restauration des enfants et des jeunes : un enjeu éducatif et social au delà de l’enjeu alimentaire ».
A l’initiative de cette conférence, la rencontre entre la Ligue de l’enseignement et Hervé Guédjali, directeur de la MPT. Parler de laïcité, oui, encore et toujours…«mais à condition de sortir de l’entre-soi et d’associer à la réflexion un maximum de personnes» avance Pierre-Yves Boutin, secrétaire général de la Ligue de l’Enseignement Poitou-Charentes, avant de se féliciter d’avoir pu s’appuyer sur la MPT et son réseau pour mener ce travail.
Deux demi-journées de formation sur la laïcité au quotidien ont précédé la conférence. Au total, 12 animateurs de trois Centres sociaux de Châtellerault en ont bénéficié (Les Minimes, Ozon et la MPT).  Ce mercredi matin, encore sous le choc des attentats terroristes de Paris dix jours avant, les animateurs étaient au rendez-vous, ainsi que des bénévoles et des membres du personnel administratif, des salariés de la Ligue de l’Enseignement. Une soixantaine de personnes au total pour constituer le public attentif aux propos de Michel Lejeune, chargé de mission national de la Ligue de l’Enseignement sur la question de la restauration collective.
Propos limpides et pragmatiques se succédèrent au rythme de quelques diapositives rappelant les habitudes alimentaires et les rites de chaque religion, les textes de loi, les circulaires et les normes en vigueur.
Interdits religieux, mais aussi culturels et philosophiques peuvent amener à refuser de manger certains aliments. Il ne s’agit pas uniquement du porc, mais également du lapin, du bœuf, des fruits de mer, du pain levé, du cheval, de la chèvre ou de la viande en général. Et, comme le rappelle Michel Lejeune « chacun reste libre de mettre en application avec un respect plus ou moins fort ses croyances ».
Dès lors, comment faire pour le vivre-ensemble sur des temps collectifs comme les moments de repas ?
Au niveau de la loi, il n’existe pas de texte officiel concernant les accueils de loisirs, alors qu’il existe, une circulaire et une norme concernant la restauration scolaire.
Servir de la viande halal ou kasher est contraire à la loi de 1905. Mais dans le même temps la liberté de conscience de chacun doit être respectée ainsi que le besoin, pour un enfant comme pour un adulte, de manger à sa faim. Un choix politique des élus de l’association et une information claire aux familles sont donc indispensables.
Si la théorie paraît somme toute simple, la pratique s’avère plus compliquée.
A partir de quelques cas concrets, le conférencier met en lumière la difficulté de gérer ces questions au quotidien. « Je veux goûter le saucisson ! » dit par exemple un enfant que ses parents ont inscrit comme « sans porc » auprès de l’association qui est responsable de lui. Dans le cadre d’un accueil de mineurs, le choix des parents se doit d’être respecté (comme l’exige le Code Civil) mais les articles 12 et 14 de la Convention des Droits de l’enfant parlent du droit de l’enfant s’exprimer son opinion, sa liberté de pensée ou de religion…
La réponse à ce genre de situation doit donc être réfléchie en équipe et explicitée auprès des parents.
Laura Thévenet et Mélanie Chalot, animatrices de la MPT, ont fait partie des 12 animateurs des Centres sociaux de Châtellerault a avoir suivi les deux demi-journées de formation et la conférence. Elles se souviennent qu’il y a quelques années s’est posés la question de proposer des repas sans porc lors des Conseil d’administration de leur association. Le CA avait tranché : des repas sans porc seront proposés, mais pas hallal.
A l’issue de la conférence, Laura livre ses impressions : « Ce type de démarche est pertinente dans notre quotidien professionnel. Il me paraît important de développer le thème de la laïcité lors des formations de BAFA, BPJEPS… car le métier d’animateur n’est pas seulement d’encadrer des enfants lors de temps de loisirs mais aussi de répondre à leurs interrogations de façon professionnelle et objective dès qu’ils en ressentent le besoin ».
Laura souffle l’idée de formations sur les différentes religions du monde, les différents partis politique en France et à l’étranger, « afin d’expliquer aux enfants et aux adolescents ces notions derrière lesquels ils peuvent parfois mettre tout et n’importe quoi ».
Brahim Benzerga, coordinateur enfance-jeunesse au Centre social de la Plaine d’Ozon, rappelle qu’il ne faut pas éluder un autre aspect : les questions de laïcité ne sont pas traitées de la même manière sur tout le territoire car il y a un manque de mixité sociale et culturelle. Une question de fond, politique, parmi d’autres…Le dialogue est ouvert, aujourd’hui plus que jamais, après 110 ans de laïcité à la française.

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