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Les centres sociaux « pour une société plus juste »

Le président de la Fédération des Centres Sociaux de France, Tarik Touahria, était à Poitiers le 16 mars 2022 pour faire le point sur les actions menées dans la Vienne. Cette visite s’inscrivait aussi dans la démarche de congrès « pour une société plus juste ».

Tarik Touahria et Béatrice Fuster-Kleiss(*), vous vous êtes rencontrés dans le cadre de la tournée fédérale. De quels sujets avez-vous parlé ?

Tarik : « Je vais à la rencontre des 47 fédérations de France pour discuter de plusieurs choses. On évoque le fédéralisme, c’est-à-dire notre façon de porter les projets ensemble à tous les échelons, du centre social à la fédération nationale en passant par le département et l’union régionale. On parle aussi de notre démarche de congrès qui s’étale sur plusieurs années autour des thèmes de démocratie et de justice sociale. C’est important aussi pour moi de savoir tout ce que produit la Vienne, les actions concrètes comme les accueils de loisirs émancipateurs, les relations avec les élus plus ou moins bonnes selon les territoires. La fédération de la Vienne est par ailleurs impliquée dans une démarche Territoire zéro chômeur de longue durée. »

Béatrice : « Dans la Vienne, nous travaillons beaucoup en chantiers, par métiers. Chaque centre est libre de contribuer ou non. Ce sont des moments privilégiés durant lesquels des groupes de pairs font de l’analyse de pratiques, de l’échange d’infos et, naturellement, naissent à cette occasion des envies d’expérimenter des actions ensemble. C’est l’exemple des accueils de loisirs émancipateurs. Ici, on accompagne cette démarche de commissions composées d’administrateurs bénévoles et de salariés pour penser politiquement ces projets et les traduire en un plaidoyer, autrement dit un texte fondateur qui nous permet de convaincre nos partenaires. Avec Tarik, on a fait le point sur le fédéralisme comme on le vit ici. »

Tarik : « On est une fédération de sens, pas de services. L’idée n’est pas d’avoir un modèle commun de site Internet. La fédération a 100 ans. Depuis toujours, ce qui nous rassemble c’est le projet. Les habitants sont à la manœuvre pour faire du développement social local. On croit à un commun. »

Les centres sociaux se positionnent désormais comme des « acteurs de démocratie pour plus de justice sociale ». Que cela signifie-t-il précisément ?

Tarik : « Les centres sociaux font du développement social local par essence. Ils travaillent sur les questions d’inégalités sociales. Les centres sociaux sont des acteurs de proximité qui peuvent agir sur leur territoire. Aujourd’hui, il n’est plus acceptable de penser une politique publique sans les habitants. Ce sont les principaux concernés. Or, pour cela, il ne suffit pas juste d’afficher des dispositifs clinquants de démocratie participative, il faut travailler avec les acteurs de l’éducation populaire. »

Béatrice : « Dans la Vienne, chaque centre se saisit des questions sociales selon ses moyens. On parle aux gens, on constitue des collectifs, on les aide à se faire entendre. Dans une ville comme Poitiers, le partenariat politique est plutôt favorable aux centres sociaux, y compris avec la Caisse d’Allocations Familiales (CAF). On est reconnu comme acteurs de transformation sociale. Ailleurs, c’est plus compliqué. »

Tarik : « A ce propos, je dois dire que les conventions pluriannuelles d’objectifs entre la Ville de Potiers, la CAF et les maisons de quartier sont particulièrement inspirantes pour la fédération. Les partenaires s’engagent ensemble sur des chemins de changement sur dix ans avec cinq axes, dont la transition écologique. »

Qu’est-ce qui vous donne encore envie de vous engager au quotidien dans vos missions bénévoles respectives ?

Tarik : « Spontanément, je dirais l’impression de contribuer à un avenir plus radieux, l’envie de refaire le monde en mieux. Et puis le plaisir des échanges, des réflexions, des expérimentations. Je ne vois pas mon engagement comme quelque chose de lourd, j’allie l’utile à l’agréable. Un centre social, c’est faire société. On s’intéresse à la vie quotidienne des gens, c’est très concret. »

Béatrice : « Je suis tout à fait d’accord avec ça. Et j’ajoute qu’on apprend beaucoup. C’est aussi particulièrement enrichissant de travailler systématiquement en mode collectif, à l’intérieur du centre avec les bénévoles et les salariés, à l’extérieur avec les habitants. Rien ne sort d’un seul cerveau. On est bousculé, on se questionne et on trouve ensemble les solutions les plus adaptées à un instant T. »

Les fédérations départementales vont organiser des « banquets citoyens » dans les prochains mois. Quel est le principe ?

Tarik : « Un congrès pour la fédération des centres sociaux est une démarche longue qui permet de construire une vision et un projet qui animent notre réseau pour plusieurs années. Avant le banquet final qui se déroulera en mai 2023, les centres sociaux vont se montrer sur la place publique dans 150 endroits en France du 21 mai au 10 juillet. Deux éléments sont essentiels dans cette démarche. D’abord, une démocratie qui n’a pas une visée de justice sociale est une démocratie qui meurt et c’est sans doute ce qui arrive à la nôtre. On fait face à une perte de confiance totale en la démocratie parce qu’il n’y a plus de volonté de transformation sociale. D’autre part, une question essentielle en matière de démocratie, c’est le débat et donc le dissensus (sic). A travers ces banquets, on va donc donner à voir le rôle des centres sociaux pour une société plus juste, confronter les avis, et écouter les envies de se mobiliser. Les territoires seront libres de choisir les thèmes. Ces thèmes et les réactions des habitants seront d’ailleurs intéressants à analyser. »

Bénédicte : « Tout n’a pas encore été validé dans la Vienne. Les dates et sujets seront bientôt connus. »

(*)Présidente de la Fédération des centres sociaux de la Vienne.

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