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Quand les parents disent stop à l’« orientation subie »

Depuis un an, un groupe de parents de plusieurs quartiers de Poitiers se réunit régulièrement pour parler éducation et orientation. De là, plusieurs actions ont vu le jour. Exemple à Bellejouanne où Cap Sud accompagne les parents dans leurs relations avec le collège de secteur.

Le principal du collège Joséphine-Baker est particulièrement à l’aise dans les locaux de Cap Sud. Un premier coup d’oeil dans la salle où les ados font leurs devoirs, un salut amical aux animateurs… François Paysant a un mot gentil pour tout le monde et les jeunes le reconnaissent vite. Mais s’il est venu au centre socioculturel de Poitiers-Sud, ce jeudi 14 décembre dernier, c’est avant tout pour rencontrer des parents. Une fois installé, il démarre : « Je viens pour vous parler de deux mots que beaucoup de gens confondent mais qui n’ont pas le même sens : l’orientation et l’affectation. » Mi-janvier, les élèves de 3e devront émettre entre un et trois choix de filière pour la suite de leur parcours scolaire. Dans la perspective de ce moment fatidique, le principal trouvait opportun d’éclaircir quelques points. Plutôt rare, cette démarche a de quoi surprendre. « D’ici, ce n’est pas facile de venir à Joséphine-Baker sans voiture, on a un problème de transports en commun, précise l’intéressé. Et puis, en venant à la maison de quartier, on démystifie aussi le collège pour construire la réussite des élèves avec les parents. »

Banquet citoyen

François Paysant parle sans langue de bois. Et les parents présents apprécient. « C’est bien qu’il vienne ici après 18h pour discuter avec nous car l’éducation des enfants, c’est l’affaire de tous, des parents, de la maison de quartier, de l’Education nationale », souligne l’un d’eux. « Les parents veulent être associés à l’orientation de leurs enfants le plus tôt possible », souligne Virginie Autef, coordinatrice du pôle éducatif de Cap Sud. Et ce ne sont pas les seuls. Dès 2022, à l’occasion des banquets citoyens lancés partout en France par la Fédération nationale des centres sociaux, un groupe d’habitants de Poitiers s’est constitué pour parler d’éducation. Cinq maisons de quartier se sont alors mobilisées pour accompagner leur démarche (Cap Sud, 3 Cités, Blaiserie, Le Local, M3Q), reprenant ainsi les principes de leur manifeste commun « pour une justice sociale en éducation », publié un an auparavant. C’est là que tout a commencé. Aujourd’hui, des parents des quatre coins de Poitiers se réunissent tous les deux mois pour construire ensemble une démarche de lutte contre « l’orientation subie ».

Apéritif de rentrée

A Cap Sud, l’équipe du collège se déplace très régulièrement. En septembre, le principal était accompagné de son adjointe, des conseillers pédagogiques d’éducation (CPE) et d’une secrétaire. Ensemble, ils se sont prêtés à une vraie réunion de rentrée, comme au collège. « La salle était pleine, se souvient François Paysant. On a fait une heure de réunion et deux heures d’apéritif, l’occasion de faire connaissance. Beaucoup de parents nous ont demandé d’installer l’application Pronotes parce qu’ils n’y arrivaient pas. » Par la suite, deux matinées ont été consacrées aux dossiers de bourses. En mai, des collègues viendront parler des procédures d’inscription au lycée… « Les parents réclament une meilleure communication », poursuit Virginie Autef. Elle et ses collègues se sont déjà engagés à emmener les parents qui le souhaitent au conseil de classe de leur enfant ainsi qu’aux portes ouvertes des lycées. Une manière de préparer la suite sereinement.

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