On a tous du mal à gérer notre utilisation des écrans. Les plus jeunes en particulier. Face à cet enjeu de société, les centres sociaux de la Vienne viennent au secours des parents une peu perdus. De plus en plus d’animateurs (trices) se forment à la parentalité numérique, ou comment bien maîtriser les outils sans les écarter.
Et si les écrans n’étaient plus un objet de conflit entre les parents et leurs enfants ? Jeux vidéo, réseaux sociaux, sites porno… Ce triptyque du numérique inquiète de nombreux parents qui ne savent souvent pas comment réagir, ni où trouver des infos adaptées à leur situation. Plusieurs centres sociaux de la Vienne se sont saisis du sujet. A travers les référents familles pour la plupart. Comme à la Maison pour tous du Pays Mélusin où Julien Nicolas a entendu l’appel des pères et des mères désarçonnés. « La structure est ouverte depuis un peu plus d’un an mais très vite cette question a été soulevée par les parents du territoire dans les cafés-parents et devant les écoles. » Pour tenter de les aider, Julien est allé se former à la source, chez les Orks de Grand Poitiers.
Contenus choquant, cyberharcèlement, gestion quotidienne…
L’association poitevine créée en 2017 compte à la fois un volet dédié à la compétition avec plusieurs équipes esport, mais a lancé aussi en novembre 2023 un organisme de formation. Au programme de la session de deux jours, du théorique et beaucoup de mises en pratique concrètes et préparation d’ateliers fictifs, « avec des exemples personnels », précise Julien. Lui, « un peu geek » mais surtout référent jeunesse à Cap Sud pendant plusieurs années, n’en manquait pas.
Cette formation dispensée par des professionnels abordait plusieurs thématiques cruciales à commencer par la gestion des écrans au quotidien. « Chacun fait comme il peut, on ne doit jamais être moralisateur avec les parents. Ils doivent ressortir avec des idées et pas démoralisés », souligne Julien. Que faire si nos enfants sont confrontés à des contenus choquants ? Comment détecter et réagir en cas de cyberharcèlement ? Quels mécanismes sont à l’œuvre pour capter l’attention des plus jeunes ? Sans oublier les fake news et les emails malveillants… L’objectif, c’est de pouvoir répondre aux questions des parents en adaptant le discours.
APE, collèges, communes…
Julien Nicolas ne va pas attendre que les demandes affluent. « J’ai contacté les mairies, les écoles et les associations de parents d’élèves des neuf communes de notre territoire pour organiser des ateliers. » A Migné-Auxances, Vanessa Pascault, référente famille du CSC La Comberie, s’est rapprochée de sa collègue responsable du périscolaire pour proposer des animations aux parents et aux enfants. « Des jeux vidéo permettent d’être ensemble, il faut s’intéresser à ce que font les jeunes sur leurs écrans. » A La Case de Vouillé, Pauline Blezel a déjà organisé un atelier parents-enfants sur la gestion des écrans au collège de Latillé. « Les écrans existent, c’est un fait ! L’idée c’est que les parents se saisissent des usages. On a l’habitude de dire que les écrans ne sont pas dangereux, c’est la solitude des enfants derrière les écrans qui pose question. »
Financé par le « Territoire numérique éducatif »
Les Orks ont organisé trois sessions de formation en décembre 2023 et février 2024, totalement prises en charge par l’Etat dans le cadre du dispositif « Territoire numérique éducatif ». « C’est notre pédagogie, nous mettons nos outils à disposition des salariés qui ont suivi la formation pour qu’ils prennent notre relais sur les territoires. Les structures sont rémunérées 200€ pour chaque intervention qu’elles organisent suite à la formation», explique Pierre MacMahon, directeur des Orks. En attendant de savoir si d’autres crédits « TNE » seront débloqués, la Fédération des centres sociaux de la Vienne va tenter d’obtenir un soutien financier de l’Opérateur de compétences (Opco) de la branche professionnels. L’occasion de former un maximum d’animateurs dans les centres.